Une analyse approfondie des alternatives proposées montre que la déconstruction partielle du Palais du Midi reste la solution la moins coûteuse pour compléter la ligne de métro tant attendue entre la Gare du Nord et Albert.
L’ingénieur Pierre-Marie Dubois et l’entrepreneur Denys ont formulé des propositions pour réaliser le tronçon manquant du tunnel du métro sous le Palais du Midi. En utilisant des méthodes de construction telles que les micropieux, les palplanches ou le « Dreamcutter », les travaux pourraient être réalisés sans toucher au bâtiment, selon leurs défenseurs respectifs.
Les équipes derrière le Métro 3 n’ont pas attendu ces propositions pour examiner de près toutes les solutions techniques possibles. Au cours des deux dernières années, une poignée de bureaux d’études de renommée mondiale se sont penchés sur la question. Dans ce cadre, des contacts ont également été pris avec la société Denys. Par ailleurs, les différentes pistes sont à nouveau explorées dans le cadre de l’étude d’incidences actuellement menée dans le cadre de la demande de permis pour la déconstruction partielle du Palais du Midi.
Voici une sélection des analyses successives.
Risques
La proposition de travailler avec la méthode des micropieux n’est pas sans défis. On peut notamment citer la sous-estimation des charges structurelles du bâtiment et les problèmes potentiels d’étanchéité. Comme la hauteur sous plafond de 2,20 mètres ne permet pas de faire venir des machines importantes, on propose d'enfoncer les micropieux au lieu de les forer, mais cela augmente le risque de dommages irréparables au bâtiment.
L’utilisation de palplanches a des effets potentiellement négatifs sur les fondations existantes du Palais du Midi et, par conséquent, présente des risques pour la stabilité du bâtiment. Le résultat n’est pas garanti et plusieurs techniques sont en fait nécessaires, ce qui rend cette méthode finalement encore plus complexe que la méthode Jet Grouting retenue à l’origine.
Par ailleurs, le Dreamcutter est une technologie relativement nouvelle qui n’a pas encore pu faire ses preuves pour une application dans un sol argileux complexe avec une nappe phréatique importante comme on en trouve sous le Palais du Midi. Des études préparatoires sont donc encore nécessaires. En outre, cette technologie ne serait pas applicable pour le raccordement au tunnel existant sous le boulevard Lemonnier. De plus, un seul entrepreneur est actuellement en mesure de réaliser cette technique, ce qui soulève des questions d’ordre juridique.
Palais du Midi libéré inévitablement
Si les techniques alternatives devraient permettre de sauvegarder le Palais du Midi, il n’en reste pas moins que, dans tous les cas de figure, le bâtiment doit être évacué pendant une longue période. En effet, la nature des travaux présente de sérieux risques de stabilité et/ou des nuisances sonores et vibratoires telles que le bâtiment devient inutilisable pour des écoles, des clubs sportifs ou des commerçants.
Enfin, une rénovation en profondeur du bâtiment doit également être prise en compte. En effet, des sondages ont révélé des défauts structurels, notamment au niveau des dalles de béton réalisées lors de la rénovation du bâtiment dans les années 1920. Le respect des normes énergétiques actuelles nécessitera également des investissements importants.
Le déplacement des utilisateurs et la rénovation en profondeur doivent donc également être inclus dans la planification et le calcul du coût total de chaque piste. Dans le cas contraire, le prix et la durée des travaux sont largement sous-estimés.
En définitive, la méthode de construction à ciel ouvert, dans laquelle le bâtiment est d’abord partiellement déconstruit tout en conservant les façades historiques, apparaît comme la meilleure garantie de résultat, au meilleur prix. Elle offre également la possibilité de réaliser un bâtiment public flambant neuf, répondant à toutes les normes contemporaines et pouvant répondre aux attentes du quartier. Et c’est la manière la plus rapide de faire circuler un métro sur le prémétro sursollicité entre la Gare du Nord et Albert. Une nécessité pour la mobilité actuelle et future à Bruxelles.